L'arrivée en URSS (enfin!)

* Le 27 novembre 1942, trois avions de transports soviétiques se posent sur l'aérodrome de Téhéran. Ce sont les versions, construites sous licence, des DC3 : des Lisounov. Les "vacances" à Téhéran prennent fin le 28 novembre 1942. Ce jour là, les volontaires sont alignés sur le terrain d'aviation de Téhéran. Il sont passés en revue par l'attaché militaire soviétique, qui leur serre la main...
Ils embarquent dans les avions soviétiques, à l'exception de quinze membres du groupe, qui restent à Téhéran. Dans leurs bagages, une photographie du Général de Gaulle, portant, de la main même du chef de la France Libre, la mention: "Au groupe de chasse Normandie, en toute confiance."
Les Lisounov décollent et prennent de l'altitude pour traverser les monts du Caucase. Une fois ces montagnes franchies, ils descendent sur la Mer Caspienne, jusqu'à Bakou : la capitale du pétrole russe. Le premier contact avec la Russie est rude : le vent, descendant de la Sibérie, est glacial. La Vodka distribuée combat le froid et un certain vague à l'âme pour ces exilés. Dès le lendemain, les Lisounov redécolle. Il n'est pas question de voler directement vers Moscou. En effet, la bataille de Stalingrad bat son plein. Ils mettent donc le cap vers Gouriev, en survolant la Mer Caspienne. Pour éviter, autant que faire se peut, toute mauvaise rencontre, le vol s'effectue à très basse altitude. Dans les avions soviétiques la température est glaciale. Les russes n'ont pas de dispositif de chauffage efficace. A Gouriev, ils se posent sur une épaisse couche de neige.
On les dirige vers des isbas, à moitié enfouies dans la neige. Pour la première fois, il goûtent au "borj" russe : la soupe au chou qui constituera une part non négligeablede leur maigre ordinaire pendant des mois. De leur interprète, Michel Schick, ils apprennnent avec tristesse le sabordage de la flotte de Toulon. C'est une mauvaise nouvelle qui tombe après toute une série de sombres présages : Rommel sur le point de s'emparer du Canal de Suez, Pearl Harbor... Ce qui fait dire à Marcel Lefèvre : "Je ne sais pas comment tout cela va se terminer, mais on ne pourra jamais nous reprocher d'avoir voler au secours de la victoire..."

Le Lisunov 2