Les contacts entre français et soviétiques

 

* C'est essentiellement, le Capitaine Mirlesse qui mène les négociations. Il est le chef du Deuxième Bureau de la France Libre. Il parle couramment Français, Russe, Allemand et Anglais. Il va contribuer, sans conteste, à faire du projet de Luguet et Valin une réalité. Tout au long de l'histoire du Normandie, le Capitaine Mirlesse sera celui qui mettra de l'huile dans les rouages et saura lever les ambiguités entre Français et Soviétiques.

Le Capitaine Mirlesse n'est qu'un simple personnage qui appartient à l'histoire du Normandie, ce qui serait déjà beaucoup. Ses très brillantes qualités lui permettront de participer à la resurrection de l'industrie aéronautique Française en parcourant l'Allemagne en ruine dans les derniers jours de la guerre, à la recherche de documents sur l'industrie Allemande. C'est ainsi qu'il sera celui qui retrouvera et capturera l'ingénieur Willy Messerschmitt.

Le 19 février 1942, le Capitaine Mirlesse remet, avec le Colonel Luguet une note du Général Valin à l'attaché militaire de l'Ambassade Soviétique à Londres. Une ambassade est envoyée à Moscou par le Général de Gaulle, pour occuper la place laissée vide par Vichy. Le Général Petit sera à la tête de la mission militaire.

Le capitaine Mirlesse fera plusieurs allers et retours entre Londres et Moscou. C'est, à l'époque, une entreprise fort dangereuse. Les U-Boat allemands montent une garde vigilante en Mer du Nord, sans compter les navires de surfaces comme le Scharnorst ou le Tirpitz... Il lui donc faut passer par l'Afrique et le Moyen-Orient pour atteindre la capitale russe. C'est pour la même raison que les pilotes du Normandie devront effectuer un périple très long pour rejoindre le front russe.

Il lui faut aplanir de multiples difficultés. Les soviétiques, bien que d'accord initialement sur le principe, ne voient finalement pas d'un bon oeil des soldats étrangers combattre sur leur sol. S'ils acceptent le matériel Britannique ou Américain, ils sont plus réticents pour la présence de militaires occidentaux dans leurs rangs.

Les Britanniques ne sont pas plus enthousiastes. Les pilotes sont rares et longs à former. Or, ceux qui vont partir sont, pour la plupart, issus des écoles de la RAF. On comprend que Sir Archibald Sinclair (ministre de l'Air Britannique) ne soit pas enthousiasmé par le projet... Il y a même des oppositions au sien de l'état-major des Forces Françaises Libres ! Bien entendu, il ne faut pas mésestimer la suspicion envers les Communistes, qui ont longtemps soutenus les Allemands à travers le pacte Gremano-Soviétique.

Finalement, le Capitaine Mirlesse, venu en soutien du Général Petit, lève tous les malentendus. L'unité, contrairement à ce que souhaitaient les russes, d'après un rapport erroné, sera entièrement française (les pilotes ne seront pas saupoudrés comme dans certaines unités de la RAF). Fin juin 1942, les Soviétiques envoient leurs contre-propositions. Le Général de Gaulle les acceptent. Dès lors, il ne reste qu'à régler que des détails mineurs... Le 26 novembre 1942, le Général Petit et le Général Falalieiev signent l'accord définitif qui prévoit la création d'un groupe de chasse français sur le front de l'Est, ainsi que ses conditions d'emploi.

Parmi ces conditions, on retiendra que les français exigent que l'unité soit exclusivement utilisée pour la supériorité aérienne. Nous verrons plus tard l'influence qu'aura cette demande sur l'histoire opérationnelle du Normandie. Cette clause est destinée à ne pas user trop vite l'unité. En effet, les attaques au sol sont beaucoup plus dangereuses que les missions de supériorité aérienne. Il suffit, pour s'en convaincre de lire les derniers chapitres du "Grand Cirque" de Pierre Clostermann, ainsi que l'histoire du Groupe "Alsace", qui passera du rôle de chasse pure, à celui d'interdiction au sein de 2nd Tactical Command.

Le
Cpt.Mirlesse
Le
Général Petit