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Le
2 juin 1943, le changement de terrain permet au Normandie de retrouver
la meilleure
unité russe de la 303ème Division
Aérienne : le prestigieux 18ème Régiment de la
Garde. Ils sont alors très près du front : sur le flanc
Nord du saillant de l'Orel. Ce dernier est fortement tenu par les allemands.
Les combats seront féroces.
Comme la plupart des terrains
soviétiques, leur nouvelle base
n'est rien de plus qu'une bande de terrain nue, bordant un bois, où l'on
dissimule les avions. Du ciel, rien ne trahit la présence des
appareils. Pas même une isba pour indiquer la présence
du terrain. Sortir les avions de leurs alvéoles pour les mener
sur la piste, puis les remettre en place est un travail exténuant.
La terre russe est grasse.
Les mécaniciens français sont rapidement épuisés.
D'autant plus que les russes ne les considèrent pas comme des
combattants, ce qui, chez les russes, change tout... Pour le logement,
par exemple, les mécaniciens en sont réduits à se
bâtir des cabanes de branchages et de rondins. Selon la mode
soviétique, seuls les "combattants" sont doté d'un
logis convenable : les mécaniciens doivent se débrouiller
tous seuls, rien n'est prévu. Il en va de même pour la
nourriture. Il faut se rappeler que l'URSS est très durement
touchée par l'invasion allemande. Son grenier à blé est
entre les mains de l'envahisseur. Les aliments sont donc fortement
rationnés pour les pilotes et les mécaniciens doivent
se débrouiller seuls pour leur subsistance.
Les pilotes sont alors logés à quelques 4 km du terrain
et un camion fait la navette le matin et le soir pour amener et ramener
les pilotes. Seul le Commandant Jean Tulasne reste sur le terrain.
Il s'y est aménagé un abri : un trou couvert de rondins.
Le Commandant Tulasne y dort dans un simple sac de couchage. Le climat
russe transforme rapidement cet abri en nid à vermine boueux.
Au matin, quand le camion ramène les pilotes du village, ils
voient un Tulasne, l'oeil frais, prêt à en découdre.
Ce choix spartiate d'une couche boueuse n'a qu'un but : combattre le
plus vite et efficacement possible. Il est le premier prêt à voler,
le dernier à quitter le terrain. Si une alerte survient il jaillit
dans son Yak et peut décoller immédiatement.
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Mécaniciens
autour d'un Yak 1b à Mozlask |
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